17/06/2018
POESIE: LE SOUFFLE D'EMELINE CARMENT
Comme l'air que nous respirons,
la Poésie nous sera toujours vitale.
Elle l'est pour la jeune Française Emeline Carment*
qui, de la Bourgogne natale à l'Andalousie,
du Liban, à Cuba en passant par Gaza
et Marseille, écrit comme elle respire.
Professeur de Lettres, Emeline Carment écrit, photographie et danse,
le regard et le cœur toujours grand ouverts sur l'humanité.
NOUS...
«Nous, enfants prodigues d’un dieu dispersé aux quatre vents.
Nous, perdus à l’horizon d’une fin
que d’improbables rendez-vous frictionnent.
Nous, inconsolés quand la grande dame noire
couvre son visage de nuit.
Nous, haletants, insatiables, fiévreux,
quand le désir carillonne en nous
et nous pousse hors de nos limites.
Nous, nous, qui avons faim et froid, qui avons soif et peur,
nous qui avons les mers et les voyages,
qui avons la peau décharnée
et les cales remplies de joyaux qui nourrissent un temps.
Nous, d’amour et de baisers, couverts ou aspirants.
Nous, que la fatigue et l’ennui n’étranglent pas
ou surprennent entre deux chemins triomphants.
Nous qui poursuivons, après combien de lunes fracassées ?
Nous sommes à la fois magiques et monstrueux.
Un drame se joue dans le Ciel,
la rencontre passionnelle du Jour et de la Nuit.»
La rencontre passionnelle du jour et de la nuit
photographiée sous le ciel de Bourgogne.
Photo: Emeline Carment.
* In Entre 2 Rives N°13, Revue poétique internationale; Thème du N° 13 : Souffle poétique, par Passerelles Extra-Muros.
https://fr.calameo.com/books/0040657991a405e7a5eff
11:46 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, France, Lettres, Monde, Nature, Société - People, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |
01/03/2018
EDITION SUISSE: LES 40 ANS DE L’AIRE
L’événement tient du miracle.
La maison d’édition que Michel Moret a fondée en 1978
sur les vestiges d’une coopérative agonisante (Rencontre)
fête cette année ses quarante ans.
Plus de mille titres ont déjà été publiés.
D’autres sont à paraître avec notamment un livre collectif:
Célébration de la naissance.
Avec des poèmes de Vahé Godel, des œuvres de Monique Saint-Hélier et des traductions d’André Bonnard, des essais, des récits et le premier roman de Didier Burkhalter: Là où lac et montagne se parlent, l'année 2018 de L'Aire nous réserve bien des émotions.*
«Les livres m’ont beaucoup aidé à vivre,
j’essaie de leur rendre ce qu’ils m’ont donné».
Autant de genres littéraires qui illustrent l’ouverture d’esprit d’un éditeur qui est d’abord une belle personne totalement dénuée d'ego. Il faut avoir vu Michel Moret offrir discrètement un café à un musicien ambulant – c'était au Salon du livre de Genève, – pour discerner son humanité.
Par ses qualités personnelles, il a su gagner l'estime et l’amitié de plusieurs grands écrivains. Ainsi Maurice Chappaz dont il ne manquait pas un anniversaire, Yvette Z'Graggen et d'autres sur lesquels il a veillé lors des bons et mauvais jours.
Le sens de la vie par les livres
Il se trouve que l'éditeur est habité par la littérature depuis son adolescence. Les livres ont véritablement donné un sens à sa vie. Ce pur littéraire tient sa devise du poète-résistant René Char: «Que le risque soit ta clarté». Et des risques, il en a pris.
A sa manière, l'amoureux de la poésie et citoyen engagé est aussi un résistant. Cet incurable optimiste continue, en dépit de temps difficiles et de la tiédeur des médias, à défendre ardemment la cause des livres.
Le 26 janvier, avec Daniel Margot et Pascal Holenweg, il lançait la collection intitulée Les grands matins (en réponse au mythique Grand soir). Le 21 février, il était à la Bibliothèque Chauderon de Lausanne avec Bertil Galland où il présentait le livre du poète Shemsi Makolli. Le 28 février, il était avec Didier Burkhalter à Vevey. En vérité, que les temps soient radieux ou pas, Michel Moret et l'équipe de L'Aire ne tournent pas au ralenti. Leur agenda de ce mois de mars pullule de séances de dédicaces et autres activités littéraires.
De 1978 à 2018
Cette année confirme les choix éditoriaux de Michel Moret qui, en 1978, à l’occasion du centenaire de Ramuz, rééditait huit titres de Ramuz dont Raison d’être.
Quarante ans plus tard, à l’enseigne de L’Aire bleue, collection de poche fondée en 1995, il propose Aline, Besoin de Grandeur, Souvenirs sur Stravinsky et aussi Raison d’être, «un titre symbolique».
Nous n'avons pas oublié que, la même année, Moret publiait Requiem pour une révolution perdue de Claude Jaquillard (dix ans après mai 68…). Toujours aussi intéressé par la marche de la planète, l'éditeur poursuit sur sa lancée avec Les grands matins.
Découvreur de talents
Pour mémoire, l’éditeur a révélé entre autres écrivains dont il a publié les premiers livres, Frédéric Pajak, Pascale Kramer, Corinne Desarzens, Adrien Pasquali, Marie-Claire Dewarrat, Rose-Marie Pagnard…tout en étant le fidèle éditeur d’Yvette Z’Graggen et de Jacques Mercanton. Fier de la richesse du patrimoine de son pays, Michel Moret est un un passeur entre les différentes cultures helvétiques. En 1982, il éditait le premier livre traduit du romanche publié en langue française: Une Jeunesse en Engadine de Cla Biert.
Si de nombreux livres de L’Aire ont été couronnés par d’importants prix littéraires et sont devenus des best-sellers, d’autres ont été injustement ignorés par la critique. C’est notamment le cas de Mort en Arabie de Thorkild Hansen, de La Postérité du Soleil d’Albert Camus (photos d'Henriette Grindat) et de Feuilles orientales de Carsten Niebuhr qui auraient mérité une audience internationale.
Le directeur des Editions de L’Aire n’en conçoit pas de ressentiment comme il ne connaît pas la mesquinerie ni l'envie. L'homme n'a pas de temps à perdre en futilités.
Il est un Sage transcendé par la poésie.
«André Chénier ne disait-il pas que le poète a toujours le dernier mot
Amis, un dernier mot !
Toi, vertu, pleure si je meurs !»
A quoi nous ajouterons ces mots de Yannis Ritsos:
«La poésie n’a jamais le dernier mot
Le premier, toujours».
Et aussi que lui-même doué d’une belle plume, Michel Moret publiera cette année son septième ouvrage.**
* A découvrir sur: www.editions-aire.ch.
** Vevey et Lavaux vus par les écrivains avec Claudio Fedrigo.
18:13 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, France, Lettres, Médias, Monde, Nature, Vaud, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |