17/10/2015
POEMES CHOISIS (48) RENE A R C O S
Comme l'air que nous respirons, la Poésie nous sera toujours vitale.
Au fil des jours et des saisons, voici des textes qui nous semblent répondre
aux interrogations du vingt-et-unième siècle
et à notre humaine condition.
«Rien, en poésie, ne s'achève.
Tout est en route, à jamais».
Andrée Chedid
TOUT N’EST PEUT-ÊTRE PAS PERDU
«Tout n’est peut-être pas perdu
Puisqu’il nous reste au fond de l’être
Plus de richesses et de gloire
Qu’aucun vainqueur n’en peut atteindre;
Plus de tendresse au fond du coeur
Que tous les canons ne peuvent de haine
Et plus d’allégresse pour l’ascension
Que le plus haut pic n’en pourra lasser
Peut-être que rien n’est perdu
Puisqu’il nous reste ce regard
Qui contemple au-delà du siècle
L’image d’un autre univers.
Rien n’est perdu puisqu’il suffit
Qu’un seul de nous dans la tourmente
Reste pareil à ce qu’il fut
Pour sauver tout l’espoir du monde».
In Le Sang des autres, 1919.
17:52 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Résistance, Solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) |
14/10/2014
POEMES CHOISIS (43) PIERRE SEGHERS
Tout est en route, à jamais».
Andrée Chedid
OCTOBRE
On oublie souvent que l'éditeur Pierre Seghers était aussi poète.
«Le vent qui pousse les colonnes de feuilles mortes
Octobre, quand la vendange est faite dans le sang
Le vois-tu avec ses fumées, ses feux, qui emporte
Le Massacre des Innocents
Dans la neige du monde, dans l’hiver blanc, il porte
Des taches rouges où la colère s’élargit ;
Eustache de Saint-Pierre tendait les clefs des portes
Cinquante fils la mort les prit,
Cinquante qui chantaient dans l’échoppe et sur la plaine,
Cinquante sans méfaits, ils étaient fils de chez nous,
Cinquante aux regards plus droits dans les yeux de la haine
S’affaissèrent sur les genoux
Cinquante autres encore, notre Loire sanglante
Et Bordeaux pleure, et la France est droite dans son deuil.
Le ciel est vert, ses enfants criblés qui toujours chantent
Le Dieu des Justes les accueille
Ils ressusciteront vêtus de feu dans nos écoles
Arrachés aux bras de leurs enfants ils entendront
Avec la guerre, l’exil et la fausse parole
D’autres enfants dire leurs noms
Alors ils renaîtront à la fin de ce calvaire
Malgré l’Octobre vert qui vit cent corps se plier
Aux côtés de la Jeanne au visage de fer
Née de leur sang de fusillés».
In La Résistance et ses Poètes, France 1940-1945, Ed. Seghers.
18:42 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) |