18/01/2015
COMMENT PREVENIR LA BARBARIE ?
Parce que l’horreur perpétrée à Paris les 7 et 8 janvier
m’a littéralement tétanisée, je me suis réfugiée dans le silence
pour tenter de mieux comprendre...
Mais est-il possible de saisir l'origine de la barbarie ?
Et d'identifier les financiers des tueurs ?
Sur la place de l'Europe, à Lausanne, le 15 janvier, lors de la manifestation organisée par Impressum, l'organisation des journalistes suisses et leurs collègues.
Photo: gf
«Elle s’appelait Elsa.
Eux s’appelaient Jean («Cabu»)
Stéphane (Charb»)
Philippe («Honoré»)
Bernard (Tignous»)
Michel, Georges («Wolinski»),
et Bernard («Oncle Bernard»).
Et parce qu’ils dessinaient leurs colères
avec leur humour
ils furent exécutés.
Elle s’appelait Clarissa,
Eux s’appelaient Ahmed, Franck, Frédéric.
Et parce qu’ils accomplissaient leur métier,
ils furent exécutés.
Ils s’appelaient Yohan, Yohav, Philippe et François-Michel
Et parce qu’ils étaient Juifs
ils furent exécutés
à Paris les 7 et 8 janvier 2015
Inconsolables resteront
les orphelins, les veuves, les veufs,
les parents des femmes et des hommes tués
à bout portant.
Comment ne pas être avec eux
leurs enfants leurs parents
compagnes et compagnons ?
Je suis avec eux.
Il n'existe pas pour moi
de hiérarchie de la douleur.
Le sang des uns et des autres
(Juifs, chrétiens, Africains, Palestiniens)
a toujours la même couleur.
A l’instant où la foule immense marchait
dans les rues de Paris*
seize villages étaient détruits au Nigeria
et deux mille personnes tuées
par Boko Haram.
Jusqu'à présent
personne n’a arrêté les meurtriers.
Personne n'a rendu à leurs parents
les fillettes enlevées par Boko Haram.
En Syrie et au Liban
des enfants sont morts de froid
D’autres enfants
furent tués en Syrie
par l’armée de Bachar et par Daech.
Des fillettes yézidies sont violées
sans que personne ne s'en offusque
en Irak et au Nigéria.
Une semaine après les attentats de Paris
le monde n'est pas devenu meilleur
d’autres innocents
ont été tués.
En vérité il en meurt chaque jour
Ce cortège funèbre paraît sans fin.
Qui rendra au Monde
sa raison son humanité ?»
* Entre autres présences incongrues, celle du Premier Ministre turc, en tête de cortège, représentant d'un régime dont on connaît le respect pour le droit d'expression et les droits humains en général...
18:00 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Femmes, Lettres, Médias, Monde | Lien permanent | Commentaires (0) |
30/12/2014
LA CHAINE DE L'AMITIE FAIT LA RONDE AUTOUR DU MONDE
Il bien de la chance, notre ami Georges, le photographe animalier. Après avoir connu la vie citadine, ponctuée d'innombrables expéditions alpines, il vit désormais à l’année entre vignes et montagnes.
L’hiver, m’écrit-il, «des petites mésanges à longue queue viennent nous rendre visite». Et il ajoute: «Ces oiseaux-là sont très fragiles...»
Mais il veille sur eux, comme son épouse, la bien-nommée Rosemonde, pratique l'amour des autres. Elle le fait avec autant de délicatesse que de discrétion.
Mésange à longue queue photographiée par Georges Laurent.
De Maurice Chappaz à Claude Roy
Un autre ami poète avait un faible pour les mésanges, charbonnières, celles-là. Entre la rue Dauphine, à Paris, et sa campagne de Haut-le-Bout, Claude Roy a pris le temps de les observer, de les écouter. Afin de mieux les comprendre – mais est-ce possible ? –, il s'était initié à l'ornithologie. Au Pays de la poésie et de la peinture, des droits de l'homme et du septième art, sans oublier le théâtre, nous nous étions découvert des amis communs entre Paris, Suisse et Proche-Orient. Car, Claude Roy l'a écrit: «La chaîne de l'amitié fait la ronde autour du monde». J'ai eu la chance de vérifier plus d'une fois cet adage...
Roy fut le premier à évoquer le premier livre de Maurice Chappaz, la merveille que fut Les Grandes Journées de printemps. C’était en 1944 dans Les Nouvelles littéraires.
L'éternité des oiseaux
Depuis, Claude Roy nous a quittés (en 1996) et Maurice Chappaz s’en est allé dans la blancheur d'un jour de janvier froid et ensoleillé, le 14 janvier 2011. Je les ai tous deux beaucoup aimés et je les ai pleurés.
Mais leurs petits amis me consolent. Les oiseaux que ces deux auteurs aimaient, que nous aimons, sont et seront toujours là car ils sont de tous temps destinés à l'éternité. En esprits pragmatiques, (in)dignes fils de banquiers, vous me demandez une preuve ?
«Où vont les chants d’oiseaux
quand les corps ne les enveloppent plus ?»
s'interrogeait Maurice Chappaz tandis que Claude Roy écrivait:
«Je voudrais toucher une à une chaque note du chant
de la mésange avec mes doigts pour être sûr
que ce qu’elle chante c’est pour de vrai…»
Je vous souhaite une année 2015 très éloignée des tumultes du monde et remplie de chants d’oiseaux!
14:39 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Nature, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |