17/03/2020
ANDREE CHEDID (1) DEUX POEMES D'ACTUALITE
Andrée Chedid aurait eu cent ans le 20 mars 2020.
Son petit-fils, Matthieu, qui accompagna tendrement sa grand-mère
durant sa longue traversée au Pays d'Alzheimer,
devait l'évoquer le 18 mars à la Grande Librairie (sur la 5).
L'émission a été reportée pour des raisons d'actualité.
Matthieu Chedid a signé la préface de Textes pour un poème*
paru ce mois chez Gallimard
et mis en musique plusieurs des textes de sa grand-maman.
.
Matthieu Chedid enfant avec sa grand-mère
(copyright: Andrée Chedid Seghers Poètes d'aujourd'hui).
Et en compagnie de son grand-père Louis Antoine Chedid à Paris, mai 2011.
photo: gf
DEUX POEMES
POUR AUJOURD'HUI
Toi - moi**
«Par l'univers-planète univers à toute bride
Par l'univers-bourdon dans chaque cellule du corps
Par les mots qui s'engendrent
Par cette parole étranglée
Par l'avant-scène du présent
Par vents d'éternité
Par cette naissance qui nous décerne le monde
Par cette mort qui l'escamote
Par cette vie
Plus bruissante que tout l'imaginé
TOI
Qui que tu sois!
Je te suis bien plus proche qu'étranger».
L'autre ***
«Mon autre
Mon semblable
En cette chair
Qui nous compose
En ce cœur
Qui se démène
En ce sang
Qui cavalcade
En ce complot
Du temps
En cette mort
Qui nous guette
En cette fraternité
De nos fugaces vies
Mon semblable
Mon autre
Là où tu es
Je suis».
* Textes pour un poème suivi de Poèmes pour un texte, préface de Matthieu Chedid, Editions Poésie/Gallimard, 2020.
** In Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991, réédité chez Gallimard, 2020.
*** In Rythmes, Editions Gallimard, 2003.
17:22 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) |
07/03/2020
PHRASES RETENUES (16) ADRIEN GYGAX
D'un livre à l'autre, des phrases m'agrippent, me hantent
et me poursuivent.
Ainsi ces lignes extraites du premier roman d'Adrien Gygax
Aux noces de nos petites vertus où fiction et réalité se confondent
comme dans beaucoup de dits «romans».
C'est pour l'enchantement du lecteur.
Agé de trente-et-un ans à peine, cet écrivain vaudois se distingue
par l'originalité de son écriture et sa profondeur.
Chez lui, humour et tendresse cohabitent harmonieusement.
J'ai aimé le regard qu'Adrien Gygax pose sur le monde
et sur les humains.
Assurément, un grand écrivain est né.
«Les yeux des hommes sont faits pour regarder le ciel et croire à tout,
ce sont des yeux d’enfants qu’il a, l’homme».
Copyright photo: J. de Cossonay.
Aux noces de nos petites vertus
«Le grand théâtre de la vie ne s’arrête jamais, tournez petites troupes, tournez puis mourez, de décors en décors, de comédies en tragédies.
Tournez avec le vent, ce sourd immense aux ailes infinies, envolez-vous au ciel, au paradis ou en enfer, où vous voudrez, comme vous voudrez, rien n’arrête le vent.
On les épiera depuis les nuages, les prochains, ces miséreux, ces tricoteurs de foi, on pourra mettre les masques de leurs dieux pour les effrayer, pour les amuser, pour qu’ils ne meurent pas trop vite.
Ça meurt toujours trop vite un homme sans Dieu, un désespéré, un vagabond. Les yeux des hommes sont faits pour regarder le ciel et croire à tout, ce sont des yeux d’enfants qu’il a, l’homme».
* In Aux noces de nos petites vertus, roman, Editions Cherche Midi (2017).
Vient de paraître, chez Grasset, le roman Se réjouir de la fin.
16:02 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Fiction, Lettres, Monde, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0) |