15/06/2014
LA SAGA DE B. GALLAND (2) AU NOM DE LA POESIE
Le 31 mai à Bruxelles, l'Académie royale de Belgique a fêté
Bertil Galland en lui décernant son Prix littéraire.
Ainsi a-t-elle voulu honorer l'éditeur
et auteur suisse.
Amoureux très précoce de la poésie,
Bertil Galland a rejoint, entre autres lauréats, Andrée Chedid,
Philippe Jaccottet et Anne Perrier.
La poésie faisant partie de ses gènes, il a aussi publié,
parallèlement au premier tome de son autobiographie,
Les pôles magnétiques*, un livre qui mérite d'être découvert:
Deux poètes du XXI me siècle (William Barletta et Lars Gustafsson)
dont il a réalisé les traductions (de l'anglais et du suédois).
En voici des extraits.
William Barletta
Le physicien William Barletta a été couronné par de nombreuses distinctions scientifiques. Il est professeur au MIT (Massachussets Institute of Technology). La poésie était son jardin secret. Elle est aujourd'hui révélée par son traducteur.
Chanson de joie**
«Avec ses cheveux d'or, le premier rayon de mon aube pénètre,
m'emporte dans la forêt de la tranquillité.
Mon amour se lève à ta lumière.
Avec sa brise délicate
une mer d'amour m'invite à nager.
Tes eaux m'entourent et lavent ma tristesse.
De sa caresse légère une brume tiède m'appelle,
me voici transporté et je m'éveille à ton côté,
Ma joie n'a pas de fin.
Ce n'est pas un songe,
Ce n'est pas l'illusion,
C'est toi».
Lars Gustafsson
Le romancier suédois Lars Gustafsson a été professeur à l'Université du Texas.
Il vit aujourd'hui en Suède.
Amour**
«Tes yeux ont la chaleur du miel.
Dans l'eau sombre
montent rapides
vers la surface
les fonds immémoriaux
comme les paumes menaçantes de mains
cherchant à nous saisir».
* Les pôles magnétiques, premier tome de l'autobiographie de Bertil Galland, Editions Slatkine, 252 pages.
** In Deux poètes du XXI me siècle, William Barletta (Chansons de la déesse d'or) et Lars Gustafsson (Sur l'usage du feu), suivi de Soixante poèmes d'amour, traduits de l'anglais et du suédois par Bertil Galland. Editions Slatkine, 308 pages.
21:53 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |
04/06/2014
SYRIE: LA MORT DE HAMZA BIS REPETITA
Voici bientôt trois ans, je publiais sous ce blog, un poème dédié à Hamza. Ce jeune Syrien avait été torturé à mort par les sbires de Bachar el Assad à Deraa. Il fut le premier. Son petit corps portait des traces de tortures immondes. Ses parties génitales avaient été supprimées.
En 2011, le nombre de morts dus à cette interminable guerre civile comptait 1500 personnes tandis que plusieurs dizaines de milliers d'autres étaient portés «disparus».
Aujourd'hui, ils sont cent fois plus nombreux, morts et enterrés à la va-vite. Ajoutez-y les réfugiés syriens du Liban, de Jordanie, de Turquie, d'Europe et qui n'auront pas accompli leur devoir de «citoyens»…Pour eux la vie s'est transformée en un cauchemar interminable. Dois-je dire qu'ils ne comptent plus sur une aide «occidentale», qu'ils n'ont plus confiance en nous ?
T R E I Z E A N S,
M I L L E A N S…
Hamza en 2011 avant d'avoir été torturé à mort par l'armée de Bachar.
«Le temps
juste le temps
de jouer à la marelle
sur le sol en terre battue
devant la maison à Deraa.
Le temps
juste le temps
de humer le parfum
des pistachiers du jasmin
dans les jardins de Deraa.
Treize ans…
Le temps
juste le temps
de savourer les galettes de «zatah»
et le hommos de sa mère
qui lui disait si souvent: «aya bibi!»
Treize ans
Le temps
juste le temps
d'aimer et d'admirer
ce père qui savait le protéger.
Sauf ce jour de folie
où les moukhabarat de Bachar
transformèrent son corps d'enfant
en hématome géant
Hamza ne leur avait pourtant rien fait
Il ne leur avait rien dit.
Avec les grands, à Deraa
il rêvait seulement de pain
et aussi de liberté
A treize ans
Hamza sera parti au Paradis d'Allah
sans avoir eu le temps de voir la Liberté
fleurir dans son pays».
12:32 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Histoire, Lettres, Monde, Résistance, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |