28/10/2014
POUR LES NATIFS D'OCTOBRE
Un jour de mes dix-huit ans, j'avais écrit,
quelle drôle d'idée,
TESTAMENT.
«Quand je mourrai
j'aimerais que mes amis
jouent aux châteaux de sable sur ma tombe
Il y aurait des marrons au sommet des donjons
Et ce serait l'automne
rien que pour cela».
Aujourd'hui, je n'ai pas trop changé, je crois, et j'écris
en contemplant Les Dents-du-Midi et en pensant à Michène, Bertil, Rachel...
photo: rb
«Pour être née en octobre *
je vénère
les marrons
les feuilles mortes
et les tons roux
Je crois qu'on peut renaître
si on le veut
sur le chemin de la vie…»
* Tous nés en octobre. Je leur souhaite le Meilleur.
15:18 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde | Lien permanent | Commentaires (0) |
14/10/2014
POEMES CHOISIS (43) PIERRE SEGHERS
Tout est en route, à jamais».
Andrée Chedid
OCTOBRE
On oublie souvent que l'éditeur Pierre Seghers était aussi poète.
«Le vent qui pousse les colonnes de feuilles mortes
Octobre, quand la vendange est faite dans le sang
Le vois-tu avec ses fumées, ses feux, qui emporte
Le Massacre des Innocents
Dans la neige du monde, dans l’hiver blanc, il porte
Des taches rouges où la colère s’élargit ;
Eustache de Saint-Pierre tendait les clefs des portes
Cinquante fils la mort les prit,
Cinquante qui chantaient dans l’échoppe et sur la plaine,
Cinquante sans méfaits, ils étaient fils de chez nous,
Cinquante aux regards plus droits dans les yeux de la haine
S’affaissèrent sur les genoux
Cinquante autres encore, notre Loire sanglante
Et Bordeaux pleure, et la France est droite dans son deuil.
Le ciel est vert, ses enfants criblés qui toujours chantent
Le Dieu des Justes les accueille
Ils ressusciteront vêtus de feu dans nos écoles
Arrachés aux bras de leurs enfants ils entendront
Avec la guerre, l’exil et la fausse parole
D’autres enfants dire leurs noms
Alors ils renaîtront à la fin de ce calvaire
Malgré l’Octobre vert qui vit cent corps se plier
Aux côtés de la Jeanne au visage de fer
Née de leur sang de fusillés».
In La Résistance et ses Poètes, France 1940-1945, Ed. Seghers.
18:42 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) |