05/02/2017
ANDREE CHEDID: 6 FEVRIER 2011- 6 FEVRIER 2017
Andrée Chedid nous a quittés le 6 février 2011
après avoir eu le temps, bien que déjà atteinte par la maladie d'Alzheimer, d'écrire un de ses livres les plus déchirants:
L'Etoffe de l'Univers* dont est extrait ce poème.
Je me nomme poète
«Au-dessus du Poète
Il y a la Poésie
Cette langue des dieux
Et par-delà
L’imaginaire est Roi
J’étais le Commandeur
De ce domaine
Devenu mon Royaume
Je me rappelle
Les Mots et les Paroles
Je les traque
Et les retraque
Je les attrape
Puis je les perds
Je les rattrape
Puis les reperds
Ont-ils un sens
Ces Mots ?»
Ces Paroles ?
Quelle importance
Leur nom est Amour
Et je me nomme Poète.»
Extrait de L’étoffe de l’univers (Flammarion, 2010)
11:31 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Femmes, Lettres, Monde | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/02/2017
PARCE QUE LE MONDE EST UN VILLAGE
Après La Suisse est un village, Michel Moret a eu la bonne idée
d’éditer Le Monde est un village.
Avec la complicité de plusieurs de ses auteurs,
il nous fait voyager de Porto à Madrid, de Prague à Kyoto
et de Beyrouth à Dakar,
entre autres vingt-cinq destinations.
Le Monde est un village s’ouvre avec la Prière sur l’Acropole d’Ernest Renan, un texte dont l’éditeur espère qu’il nous apportera «un peu de lumière et un peu d’espérance en ce monde où les grandes puissances entretiennent le bruit et la fureur». Pari gagné.
«Le monde ne sera sauvé qu’en revenant à toi, en répudiant ses attaches barbares. Courons, venons en troupe» nous supplie Renan du pied de l’Acropole.
Et nous le croyons lorsqu’il écrit: «Les larmes de tous les peuples sont de vraies larmes; les rêves de tous les sages renferment une part de vérité».
De Lucca à La Havane en passant par Pékin
Si mon propos n’est pas de citer tous les auteurs ni tous les lieux (inconnus ou familiers) qui m’ont touchée, j’aimerais écrire que le texte d’Alphonse Layaz, spécialiste en beaux-arts, m’a donné l’envie irrésistible de retourner à Lucca. Pour Puccini et le jardin suspendu de la Torre Guinigi où une «scintilla inafferabile» (étincelle insaisissable) éclairerait chaque année la statue de saint Michel…
Quant au Pékin évoqué par Alain Campiotti, dix ans après un premier séjour, il m’a franchement bouleversée. Le journaliste y vécut plusieurs années avec son épouse, Myriam Meuwly, et leur petite fille. C’était au temps où la Chine n’avait pas encore goûté au capitalisme. Alors, la place Tiananmen était «une grande aire de flânerie automnale»… La Chine a changé depuis même si «la critique du fonctionnement dynastique s’applique aussi aux maîtres d’aujourd’hui» nous précise Alain Campiotti. «Les murs gris de Pékin refleuriront-ils, se couvrant comme autrefois de mille affiches sauvages et irrespectueuses?» se demande-t-il entre nostalgie et lucidité. Dans cette hypothèse, sa fille Cécile pourrait savoir à quoi ressemblait le Pékin de sa petite enfance...
Lumière et fraternité
Je dois avouer qu’après avoir lu les lignes d’Isabelle Leymarie, auteur d’un récent et passionnant volume intitulé Trésors de la littérature suisse,** j’ai ressenti la tentation de La Havane, la ville musicale qu’elle a aimée et qu’elle aime encore. Que je comprends mieux la fascination de Xochitl Borel pour Managua, où elle trouva «l’infini goût de la sensation».
Si je partage totalement la passion de Vincent Philippe pour Paris, je dois reconnaître que la ville d’Ubud décrite par Arthur Billerey m’a intriguée autant que le Madara de Corinne Desarzens et le Zwierzyniec d’Antoine Jaccoud.
Mais il ne faudrait pas oublier pour autant Porto et Rio de Janeiro, Prague et Reykjavik, Medellin et Beyrouth…ni Alger, ville chère à Michel Moret pour le souvenir de Camus et pour sa lumière.
En des temps plus récents, l’éditeur y fera à plusieurs reprises, juste retour des choses, l’expérience de la fraternité. De retour en Suisse, il écrira: «J’ai enfin compris que l’acte gratuit constitue le ciment le plus solide de toute civilisation.»
Puisse-t-il être entendu!
Le Monde est un village, assurément.
* Editions de L’Aire, 285 pages
** Editions de L’Aire, 432 pages.
17:03 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0) |