12/09/2020
ANDREE CHEDID (4) CRIS POUR LE LIBAN
En ces temps si tragiques pour le Pays du Cèdre,
je vous propose des textes sur le Liban car,
comme l'a écrit Yannis Ritsos,
«La poésie n'a jamais le dernier mot, le premier, toujours».
J'y crois.
Après Nadia Tuéni, Laurent Costantini,
et Khalil Gibran,
voici un poème d'Andrée Chedid
publié en 1975 au cœur de la guerre du Liban.
Andrée Chedid à Sion (Valais) en 2002
Photo: Gilberte Favre
Cris pour le Liban
Comment te nommer, Liban?
Comment ne pas te nommer!
Comment crier du fond de tes abîmes
hors des camps et des clans
loin des catéchismes de la discorde
Dévoré par chacun de tes visages
de quel regard te contempler
de quelle oreille t’entendre
de quelle voix te servir ?
Pays
qui fut aussi ce coeur de largesse
ce visage d’hôte
ce levain ds libertés
Ne rebrousse plus chemin!
Récolte toutes les plaintes
Emporte toutes les paroles
Et pour fonder demain
reçois à table ouverte,
tes enfants rassemblés».
In Cérémonial de la violence, 1976, Editions Flammarion.
AIDER A SAUVER LE LIBAN
Il est urgent d'aider le peuple libanais et le Liban.
Merci de contribuer à les aider en versant un don
à la Chaîne du Bonheur.
L'argent sera réparti sur place par Caritas,
la Croix-Rouge suisse, l’Entraide Protestante (EPER),
Médecins sans Frontières, Medair
et Terre des hommes,
sous la supervision de l'Ambassadrice de Suisse Monika Schmutz.
CHAINE DU BONHEUR
CP 10-15000-6
IBAN: CH82 0900 0000 1001 50000 6 SWIFT: POFICHBEXXX
Merci de votre soutien.
15:12 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Femmes, France, Histoire, Lettres, Médias, Monde, Politique, Région, Résistance, Solidarité, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/09/2020
L’AIRE: UN ETE RADIEUX
«Que le risque soit ta clarté» est l'axiome
de Michel Moret, directeur des Editions de L'Aire
et inconditionnel de René Char. Une citation poétique qui lui sert d'éperon.
A ce propos, la rentrée littéraire est à nos portes.
Mais les Editions de L’Aire ont déjà de quoi sourire
avec trois livres publiés cet été.
Alain Bagnoud
Le premier, La vie suprême*, roman d'Alain Bagnoud, vient de se voir attribuer le Prix Edouard Rod.
-
Dans un style ramuzien, le Valaisan de Genève nous entraîne dans une histoire palpitante. Où l’on découvre la vraie vie des paysans et paysannes de montagne d’autrefois, et l'époque où la femme était considérée comme quantité négligeable. Ces éléments ne relèvent pas de la fiction: Bagnoud les a recueillis de la bouche de sa grand-mère.
Si Besse, le héros de ce livre, s’est laissé embarquer dans l’aventure de Farinet- le beau parleur, c’est en raison de la misère qui était son quotidien. Or, il aspirait à «La vie suprême». Farinet promettait de la lui offrir.
A lire Bagnoud, le sympathique Valdôtain dit Farinet apparaît comme un personnage peu reluisant et indigne des hommages qu'on a pu lui rendre ici et là. Alain Bagnoud a eu le courage de le démystifier. Farinet n’était de loin pas un héros mais un exploiteur habile dans l’art de faire travailler très dur ses ouvriers tout en abusant de leurs épouses et autres femmes de la région.
Ce roman remet en place des idées reçues et nous plonge dans un Valais réel, celui du XIX me siècle.
Les promoteurs de Farinet et de sa vigne auraient pu consulter les archives historiques concernant ce Valdôtain avant de lui dédier un culte immérité.
* Alain Bagnoud, Editions de L’Aire, 152 pages.
Serge Bimpage
Avec Déflagration**, le très intuitif auteur genevois nous propose une préfiguration du confinement que nous continuons de vivre de part en part de la planète.
Son personnage principal, le professeur Corderey baigne dans le confort douillet de son appartement genevois lorsqu'il doit brusquement se replier dans son village d’origine.
Tout cela, par la faute d’un volcan devenu turbulent, au Petit-Pays. Le professeur doit brusquement changer de vie, comme certains après le Covid 19 ou la double explosion de Beyrouth. Mais, chose surprenante, le grand voyageur Serge Bimpage a écrit ce livre avant ces événements.
«Le couchant commençait à rosir les toits du village qui se rapprochait maintenant... Toutes choses que le touriste ne pouvait percevoir. Pour cela, il lui aurait fallu lire dans l’âme des citoyens. Et qu’y aurait-il vu ? Une crainte sourde et fiévreuse, celle d’une apocalypse qui pourrait se déclencher à tout moment si Dieu, soudain, devait cesser d’aimer le Petit-Pays et le détruire avant de tout recommencer depuis le début.»
Savoir que Serge Bimpage a accompli un tour du monde de deux ans en auto-stop. Et que cette expérience – « Les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir», écrivait Baudelaire –, inaugurera de très nombreux voyages. Et des livres dont le plus surprenant est Déflagration car en phase avec une actualité inattendue.
** Serge Bimpage, Editions de L’Aire, 544 pages.
Antoine Jaccoud
(Juste) Avant***, suivi de Le sexe c'est dégoûtant et Venus pour te chercher inaugurent la nouvelle Aire théâtrale sous la houlette de la comédienne et metteur en scène Ariane Moret. Et cette Première est réussie.
A l'heure de franchir la porte de l'abattoir, voici qu'une vache et un taureau, appelés Marthe et Furioso, sont habités par l'inquiétude et rêvent d'immortalité. Mais la condition animale (comme la condition humaine) étant ce qu'elle est, il n'y a plus d'échappatoire. Les émotions et sentiments de Marthe et Furioso face à la mort pourraient être nôtres.
«Vous vous voyez à 80 ou 100 ans, traînant la patte, la tête basse, incapable de suivre le rythme du troupeau»? demande Marthe à son «frère humain». Mais Furioso, refusant cette échéance ne cesse de lui répéter: «Il aurait fallu mugir. Il aurait fallu se révolter.»
Contre l'inéluctable qui le pourrait?
Antoine Jaccoud entouré de Marthe Keller et Mathieu Amalric
au Théâtre de Vidy à Lausanne
le 29 avril 2017 dans l'interprétation de (Juste) avant.
La pièce sera rejouée les 20 et 21 novembre 2020
au Théâtre du Rond-Point à Paris.
Humour et respect
Même si le titre de l'une des pièces de Jaccoud, Le sexe c'est dégoûtant, peut sembler très coquin, il est aux antipodes de son contenu. Le texte de cette pièce, plein d'humour et de tendresse, ne côtoie jamais la vulgarité. Quant à Venus pour te chercher, il aborde avec pudeur un thème plutôt délicat: celui d'un père que ses enfants retrouveront à un âge certain dans les bras d'une dame légère. «Si maman savait ça» se répètent-ils en attendant que leur père, profondément endormi, se réveille. Antoine Jaccoud concilie à merveille humour et profondeur.
*** Antoine Jaccoud, (Juste) avant, Editions de L'Aire, 140 pages.
15:59 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Femmes, Fiction, France, Humour, Lettres, Monde, Nature, Résistance, Solidarité, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0) |