09/06/2013
POESIE POUR UN ETE: DE VENUS A JEAN-DOMINIQUE
Il y a des livres plus indispensables que d’autres. Voici deux titres qui enrichiront votre été qu'il soit gris ou ensoleillé.
Où vont les arbres ?
Vénus Khoury-Ghata
Photo: copyright: Le Mercure de France
De ce grand écrivain nous avaient bouleversée Une Maison au bord des larmes (roman) et La Maison aux orties (roman) parmi d’autres livres.
Selon le New Yorker, «Vénus Khoury-Ghata est à la poésie ce que Gabriel Garcia Marquez est au roman». C’est tout dire. A la fois romancière et poète, Vénus Khoury-Ghata n’a jamais oublié le pays natal qu’elle a quitté pour cause de guerre. A l’intention de ses amis Jean-Marie et Jemia Le Clézio, elle écrit :
«Des hordes d’arbres aux noms imprononçables se déversaient
sur nos faubourgs au déclin des saisons
Entraient en collision avec les nôtres devenus herbeux
à force de méditation…
Seul le paysage était sédentaire
Les enfants
Poussières sur les cils de l’air».
De Paris, elle hume le parfum de ses arbres. Et au-delà tant d’êtres aimés et souvent perdus mais toujours là. Ainsi les choses se passent-elles lorsque l'amour et l'amitié sont véridiques.
Le visage de Vénus Khoury-Ghata porte les traces de toute la beauté et de toute la souffrance du Liban, mais c'est le courage et la beauté qui dominent.
Le Mercure de France, 16 pages.
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L’Air de ton nom
Jean-Dominique Humbert
Photo: copyright Philippe Pache.
Il aime les mots autant que les notes de musique.
De L’Exilée à L’Eté dernier, de Au passage du pré à L’Air de ton nom, la poésie de Jean-Dominique Humbert nous est un concert. Notre hypothèse n’est pas si farfelue puisque des poèmes de Jean-Dominique ont été mis en musique.
Ses textes sont des chants d’oiseaux à tel point qu’on se demande : et si le poète cachait en lui une âme d’oiseau ?
Il écrit avec une simplicité déchirante :
«Sans plus attendre
être là simplement
au jour des murs»
Et aussi :
«Tu regardes les fleurs de l’arbre
dans son sommeil
La branche de sa voix si claire
lente lointaine
dans la nuit que tu sais»
Egalement auteur de récits, Jean-Dominique Humbert ressemble à ses textes. On devine que ses textes sont inspirés par de grandes âmes, celles d’enfants et de «grandes personnes», ici ou Ailleurs.
Venus et Jean-Dominique sont tous deux des êtres aimants et c'est aussi pour cela – leur talent, leur regard sur les êtres, sur la nature, leur respect – que je les aime.
* Editions Bernard Campiche (collection Campoche), 199 pages (comprend L’Air de ton nom et autres poèmes (1986-2011).
12:11 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) |
05/05/2013
AVEC SUPERVIELLE POUR LES AMIS INCONNUS
Embarquée dans une Aventure littéraire au long cours, je déserterai mon blog – sauf événement majeur – durant quelques mois.
Avec ce poème de Supervielle, je vous souhaite à tous un printemps
et un été riches en émotions littéraires et musicales,
et surtout en belles découvertes et rencontres
sur les bords de mer ou en montagne.
LES AMIS INCONNUS
«Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d'une lame profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses soeurs de la nuit les étoiles muettes.
Il vous naît un oiseau dans la force de l'âge,
En plein vol, et cachant votre histoire en son coeur
Puisqu'il n'a que son cri d'oiseau pour la montrer.
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s'y pose, on dirait qu'elle est comme les autres.
Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
Il n'est pas de chasseur encore dans la contrée,
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L'écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?
Il vous naît un ami, et voilà qu'il vous cherche
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux
Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
Et loge dans son coeur d'étranges battements
Qui lui viennent de jours qu'il n'aura pas vécus...»
* In LES AMIS INCONNUS, Gallimard, 1934.
P.S. A propos de rencontres (et retrouvailles) humaines, le 27 me Salon du livre de Genève, placé sous la houlette d'Isabelle Falconnier, nous en aura offert de très émouvantes et enrichissantes.
En plus de Jacques et Hubert (de Plonk et Replonk) pas revus depuis des lustres,
il y eut Anne, Françoise, Florence, Francine, Jean-Dominique, Pierre et Alain,
Jean-Michel, Mi-Phuoc, Pascal, Robi, Elodie, Xochitl, éditeurs, écrivains, illustrateurs, lecteurs...
Si cet été se montre véritablement estival, je les encourage à prendre le chemin de Venthône, le 15 juin, afin d'y retrouver THEODA– de Corinna Bille – sous les traits de Monique Décosterd du théâtre Les Montreurs d'Images.
Merci à la présidente du Salon international du livre et à tous ceux qui ont su créer une atmosphère aussi intime que chaleureuse et cosmopolite.
18:12 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Nature, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |