29/08/2017
LA POESIE CONTRE L'OPPRESSION EN TURQUIE
Le grand poète turc Nazim Hikmet a passé
de nombreuses années en prison et en exil.
En solidarité avec les Turcs soumis
aujourd’hui à la répression,
je vous propose un poème d'étrange actualité,
qui ne s'applique pas exclusivement à la Turquie...(gf).
LA PLUS BELLE DES MERS*
Nazim Hikmet en prison vers les années 1936.
«La plus belle des mers
est celle où l'on n'est pas encore allé.
Le plus beau des enfants
n'a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n'avons pas encore vécus.
Et les plus beaux des poèmes que je veux te dire
sont ceux que je ne t'ai pas encore dits
Ils nous ont eus :
moi à l'intérieur des murs,
toi à l'extérieur.
Ce qui nous arrive n'est pas grave.
Le pire :
c'est de porter en soi la prison
conscient ou inconscient.
La plupart des hommes en sont là,
des hommes honnêtes, laborieux et bons,
dignes d'être aimés comme je t'aime.»
In Anthologie poétique, Temps actuels, 1984, préface Philippe Soupault.
11:39 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Politique, Résistance, Solidarité, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |
25/06/2017
POEMES LUS (59) CHARLES DOBZYNSKI
Comme l'air que nous respirons,
la Poésie nous sera toujours vitale.
Tout est en route, à jamais».
Andrée Chedid
A PROPOS DE LA BONTE
L'auteur et poète né à Varsovie
fut couronné par le Goncourt de la Poésie.
Tout comme Andrée Chedid.
«J’ai longtemps cherché la bonté comme une nappe souterraine
J'ouvrais les cœurs de ceux que j'aimais pour y dérober les graines
Croyant y découvrir le secret de tout ce qui naît
Je rêvais de cette contrée chère à Guillaume Apollinaire
La terre énorme où tout se tait.
Moi je demeurais à l'orée
du cœur humain
épais et fort comme
les forêts
et dans la machinerie de ses marées
j'écoutais bruire les lendemains.
Mais la bonté
terrée au fond du coeur
comme une taupe
échappait à mon emprise;
Etait-ce simplement une lueur
un isotope
radioactif ?
Elle glissait
entre mes doigts cette eau furtive
elle se blottissait
dans les terriers secrets du rêve
Et moi chasseur de clarté
Je la voyais fuir dans les yeux
sur les lèvres
de mes amis
sans comprendre cette alchimie.
J’étais pareil au laveur de pépites
durant le rush
quand toutes les passions se précipitent
dans la Californie des sentiments
je cherchais les paillettes
invisibles – le gisement
de l’or humain.
J’étais comme un gamin
qui cherche dans le sable
l’empreinte de ses souvenirs
comme un pêcheur qui veut saisir
dans le miroir de l’eau les taches du soleil».
* Lettre à Nazim Hikmet in Anthologie poétique de Nazim Hikmet, Ed. Temps actuels, 1984
17:03 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, France, Lettres, Solidarité, Spiritualités | Lien permanent | Commentaires (0) |