19/01/2014
DE LA HAYE AU LEMAN: POUR OUBLIER LE MAL
Soir de janvier, au bord du Léman, sur La Côte.
Photo: C.Z.
Mon esprit devrait être aujourd'hui
à La Haye
parmi les «spectateurs» les rescapés
au Tribunal spécial sur le Liban
Depuis neuf ans ils attendent
que justice soit rendue
mais les prévenus ne sont pas là
Ils ne viendront jamais
Rafic, Pierre, Kassir seront morts pour rien
Leurs proches ne connaîtront pas le nom «officiel»
du commanditaire de ces crimes
Les autres, plus ou moins amputés,
dans leur corps et leur âme
survivront
Ils savent que là-bas les voitures piégées
continueront à exploser
les bombes à sauter
et les êtres à pleurer
Au bord du lac Léman mon fils
a saisi dans son objectif
cette image de sérénité en couleurs
Lac, arbres, nuages...
Comme j'aimerais
d'un coup de baguette magique
transposer sur La Côte
les «témoins» de La Haye!
Le temps de leur rappeler qu'un jour
leur vie fut Humaine...
12:01 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Images, Lettres, Nature, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/10/2013
PHRASES LUES (10) LE BONHEUR EXISTE
Dans une récente interview accordée à une journaliste suisse,
mon confrère Alain Campiotti m'a bousculée par la brutalité
d'une phrase:
«Je ne sais pas ce que c'est le bonheur»...
Or, relisant Fontaine blanche*, le livre dont il est le co-auteur, je l'ai saisi en plein délit de contradiction.
Il y a quelques années, le grand reporter était à Maaloula. «Sans l'avoir cherché», il arrive au monastère de Mar Takla. «Des nonnes, sur un toit blanc, nettoient de grands tapis multicolores. Il les regarde faire d'en haut, accoudé à un muret, séduit par leur grâce, sans qu'elles le voient…
De l'autre côté, le chemin monte à gauche jusqu'à une petite route qui longe le bord de la falaise à laquelle est accroché le village, jusqu'à Saint-Serge, l'autre couvent.
Un coeur gros comme une pomme
Pas un chat. Dans la minuscule chapelle sombre, il fait pour la première fois de sa vie ce qu'on semble lui demander, prend deux cierges et les plantes allumés dans le sable en pensant à elle (ndla: son épouse, restée en Suisse). Il a l'intense sentiment de sa solitude, presque étourdi par ce geste mélancolique quand il voit sur le sol un coeur extraordinairement lumineux, gros comme une pomme, qui paraît, dans cette obscurité, purement impossible. C'est le soleil qui tombe par un trou dans le toit…»
Quelques mois plus tard, au Liban, Alain Campiotti prend la route en lacets et entourée de cèdres vers Bcharré, la patrie de Khalil Gibran.
Aux Cèdres, vue sur le Mont Sannine.
Photo: copyright: gf
L'expérience d'une magie
«Après un replat, le dernier tronçon est une longue transversale vers le sommet. Au col, il n'en croit pas ses yeux.
D'un côté, la montagne descend en vagues vers la mer, de l'autre, en contre-bas, la Bekaa fertile est immensément plate sous une brume transparente. Le vent est coupant sur l'arête rocailleuse, le soleil éblouissant.
Bouleversé par ce spectacle, il l'appelle (ndlda: son épouse) pour lui dire qu'elle devrait – qu'ils devraient faire ensemble l'expérience de cette magie. Il éprouve la même émotion qu'au couvent Saint-Serge de Maaloula…»
Tu vois, contrairement à ce que tu as dit, le bonheur existe, Alain. Il suffit d'ouvrir ses yeux et son coeur…
* Par Myriam Meuwly et Alain Campiotti, Editions de L'Aire, Vevey.
17:02 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Lettres, Monde, Nature, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) |