05/11/2020
SYLVIE DELEZE: PREMIER LIVRE ET REVELATION
Avec son premier livre, Sylvie Délèze aura réussi
son entrée en littérature.
Sa Toccata (pour personnages) en italique*
frappe tant par l'originalité de son écriture
que de son propos.
Et le tout est enveloppé sous l'élégante jaquette
de la collection le banquet.
Cet ouvrage aurait pu s’intituler Fantasia tant il déborde de joie et de vivacité. Tendresse et humour y cohabitent afin de cacher certaines duretés de l'existence. Sous son air de légèreté, Toccata recèle une grande sensibilité et une indéniable profondeur.
Ce premier livre de Sylvie Délèze est l’œuvre d’une poète. A lire à haute voix et avec délectation, ce que j’ai fait. En attendant avec impatience le prochain livre de cet écrivain prometteur.
Sylvie Délèze: les livres sont au cœur de son existence.
Afin de vous inciter à cette belle lecture, j'ai choisi quelques extraits de ce premier livre:
«A Etry, je saluais les hérissons et les vermisseaux, les scarabées de bronze et les nerveuses sauterelles.
Je m’endormais au son un peu éteint du cri d’un rapace nocturne, une de ces chouettes qui fait un bruit de balançoire rouillée.
Je ne pensais à rien sous des voûtes étoilées qui me laissaient aussi incrédule que sans souffrance.
Du frêne au bouleau gris, du chêne nain à l’érable montagnard, je m’enfonçais dans les mousses claires pour humer l’humble humus et croire un peu m’y fondre».
*
«Et dans ce mouvement d’éveil particulier que constitue le prompt sursaut naturel d’une conscience, il ne veut plus rien. Le désir l’a, semble-t-il, déserté.
Mais il sent qu’il doit lire. Car lire, avant, quand ? Il ne sait plus, lire était sa drogue dure.
Voici qu’elle se rappelle à lui et vient à lui manquer. Où la trouver aujourd’hui ? Des livres, ses yeux n’en croisent presque plus. Où sont les livres ?
Ils ont quitté le quotidien où n’est plus que l’Ecran-Dieu qui disloque le design de l’objet livre, ruine la lecture suivie, la rend impossible.
Retrouver des livres. Des bibliothèques.
Cette révélation lui advient dans la contemplation d’une image païenne. Antique. Archéologique».
*
«Dimanche, il s’en fait la promesse, il ira là-haut, dans le refuge à l’orée des bois où, enfant, il lisait des volumes aux pages cornées, parsemées de taches, d’annotations, à la tranche reconnaissable entre toutes, souvent endommagée, mais qui maintiennent encore ensemble, on ne sait trop comment, tous ces feuillets chargés d’odeurs acides comme un café, autant de pages peuplées d’enfants libres et abandonnés, moutards sans contrainte aucune qui, à l’aube, sortent sur la terrasse de leur cabane perchée dans les troncs d’arbres le long du fleuve et, de là-haut, pissent dans les méandres à la santé de Parménide sans le connaître.
Retrouver des êtres de liberté dans les livres d’une bilbiothèque, voilà son projet pour la fin de la semaine, lui qui n’en avait plus un seul».
* Editions de L’Aire, collection le banquet, 166 pages, 2020.
11:22 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Femmes, Fiction, Humour, Jeux de mots, Lettres, Loisirs, Monde, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/11/2020
POEMES DU LIBAN (7) Nohad Salameh
En communion avec le Liban,
après Nadia Tuéni, Laurent Costantini,
Khalil Gibran, Andrée Chedid,
Georges Schéhadé et Vénus Khoury-Ghata
voici un texte de la poète Nohad Salameh.
Nohad Salameh avec son mari, le poète Marc Alyn.
D’autres annonciations*
«Je parle d’un pays parfumé à la cardamome
sucré de pluies
mariné dans le soleil
d’un pays qui d’un mot invente
mille royaumes comme ces lacs sauvages
en voyage au fond des Tarots.
Je parle d’un pays
où les mains font connaissance
sur les bancs des églises
sous les fraîches coupoles des mosquées
et dessinent les voix lactées de la voyance.
Je parle d’un pays
où les enfants survolent les orangers
à l’heure où la lune est pleine
et se répandent en cœurs d’artichauts
dans l’appel de leurs mères.
Ici les filles dansent leur mort
dans le marc du café
et ne retiennent que le langage des abricots
au moment où les Madones
aussi chaudes que les granges
et les averses de juillet
respirent en leur corsage
riveraines des hauteurs
et des vergers aquatiques.
Si elles dorment parfois en forme de nuage
ou d’arc-en-ciel
en imitant la rumeur des cavernes
et les diseuses de bonheur
c’est afin de laisser un sillage
une empreinte
un tatouage sur l’aile d’un oiseau».
* Editions Le Castor astral, 2012.
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Il est urgent d'aider le peuple libanais et le Liban.
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L'argent sera réparti sur place par Caritas,
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Médecins sans Frontières, Medair
et Terre des hommes,
sous la supervision de l'Ambassade de Suisse au Liban.
CHAINE DU BONHEUR
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13:32 Écrit par Gilberte Favre dans Culture, Femmes, Fiction, France, Lettres, Monde, Résistance, Solidarité, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0) |