28/05/2011
POEMES CHOISIS (9): NAZIM HIKMET
A l’instar de la nature et de la musique, la poésie peut nous être un viatique.
Au fil des jours, je vous proposerai des textes qui m’accompagnent
avec une fidélité indéfectible.
«Rien, en Poésie, ne s’achève.
Tout est en route, à jamais».
Andrée Chedid
Sur la vie
«La vie n’est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux
Comme le fait un écureuil, par exemple
Sans rien attendre du dehors et d’au-delà
Tu n’auras rien d’autre à faire que de vivre.
La vie n’est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux
Mais au sérieux à tel point
Qu’adossé au mur, par exemple, les mains liées
Ou dans un laboratoire
En chemise blanche, avec de grandes lunettes
Tu mourras pour que vivent les hommes
Les hommes dont tu n’auras même pas vu le visage
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai que la vie.
Tu la prendras au sérieux
Mais au sérieux à tel point
Qu’à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras des oliviers
Non pas pour qu’ils restent à tes enfants
Mais parce que tu ne croiras pas à la mort
Tout en la redoutant
Mais parce que la vie pèsera plus lourd dans la balance».

In: Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie/Gallimard, Paris.
21:55 Écrit par Gilberte Favre dans Lettres | Tags : nazim hikmet, poète turc, andrée chedid | Lien permanent | Commentaires (0) |
Les commentaires sont fermés.