10/04/2011
POEMES CHOISIS(2): VICTOR SEGALEN
A l’instar de la nature et de la musique, la poésie peut nous être un viatique. Au fil des jours, je vous proposerai des textes qui m’accompagnent avec une fidélité indéfectible.
«Rien, en Poésie, ne s’achève.
Tout est en route, à jamais».
Andrée Chedid
Conseils au bon voyageur
«Ville au bout de la route et route prolongeant la ville :
ne choisis donc pas l’une ou l’autre, mais l’une
et l’autre bien alternées.
Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient
que la plaine ronde libère. Aime à sauter roches
et marches ; mais caresse les dalles où le pied pose
bien à plat.
Repose-toi du son dans le silence, et, du silence,
daigne revenir au son. Seul si tu peux, si tu sais être seul,
déverse-toi parfois jusqu’à la foule.
Garde bien d’élire un asile. Ne crois pas à la vertu
d’une vertu durable : romps-la de quelque forte
épice qui brûle et morde et donne un goût
même à la fadeur.
Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable,
sans mérites ni peines, tu parviendras, non point,
ami, au marais des joies immortelles,
Mais aux remous pleins d’ivresse du grand fleuve
Diversité».
«Montagne encerclant ton regard...»
Photo: Roland Bettex
* In Stèles, Poésie/Gallimard
10:54 Écrit par Gilberte Favre dans Lettres | Tags : poésie, segalen, andrée chedid | Lien permanent | Commentaires (0) |
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